Groupes horizontaux et consortiums : un instrument important pour soutenir l’innovation et la compétitivité
13 décembre 2016
Le regroupement des coopératives peut être réalisé de différentes façons : il peut commencer par des réseaux simples pour évoluer ensuite vers des consortiums (coopératives de coopératives) et des groupes plus grands encore et plus étroitement liés. Ces regroupements partagent la caractéristique des structures horizontales et reflètent le système de gouvernance démocratique que l’on trouve dans les coopératives individuelles. Les expériences de MONDRAGON Corporation, le plus grand groupe d’entreprises de la Communauté autonome basque et le dixième en Espagne, et de Libera Terra (Terre libérée), un consortium de coopératives sociales créé dans le sud de l’Italie pour donner de la respectabilité aux territoires fortement mafieux sont présentées dans l’article.
La Corporation MONDRAGON regroupe plus de 110 coopératives situées principalement dans la région autonome basque espagnole et qui sont en majorité des PME. Ses origines remontent à 1956, lorsque la première coopérative industrielle de travail associé a été créée à Mondragon, une toute petite ville.
C’est un groupe intersectoriel organisé en quatre grandes branches : l’industrie, la distribution, la finance et l’éducation. Le groupe a favorisé le développement des PME grâce à un ensemble sophistiqué d’instruments tels que la mise en commun des résultats, la gestion commune du chômage, des fonds financiers et sociaux communs, la R & D, les services, la formation et l’éducation, etc. Sa capacité d’innovation est principalement canalisée à travers ses 15 centres technologiques impliqués dans de nombreux projets ou dans la recherche et le développement technologique au niveau national et international.
Certaines mesures spécifiques sont liées au maintien de l’emploi pendant les périodes de crise à travers les groupes horizontaux. Dans le cas de MONDRAGON où des centaines de travailleurs de coopératives actives dans un secteur industriel qui subirent le choc de la crise (p. ex. l’industrie automobile), ont été temporairement transférés dans des coopératives actives d’autres secteurs qui étaient moins touchés au même moment avant de revenir dans leur coopérative d’origine une fois la situation économique de celle-ci améliorée. Ce type de restructuration d’emplois est aussi une façon de mieux répondre aux secteurs en évolution rapide, aux transformations économiques et du marché, tout en garantissant la sécurité de l’emploi pour les travailleurs et le maintien du savoir industriel dans l’entreprise et dans la région dans laquelle elle est intégrée.
MONDRAGON est un très bon exemple d’un groupe d’entreprises horizontal et démocratique qui légitimise toutes ses décisions en impliquant plus d’une centaine d’entreprises et des dizaines de milliers de travailleurs-membres dans des procédures démocratiques. Il assure à la fois une autonomie complète à chacune des coopératives et leur donne un droit d’intervention dans toutes les décisions stratégiques globales du groupe.
Libera Terra est un consortium créé en 2001 regroupant 9 coopératives sociales intégrant des groupes défavorisés et travaillant sur des terres confisquées par l’état principalement dans l’industrie agroalimentaire. Ses coopératives sociales gèrent 1400 hectares de terres confisquées et donnent du travail à 140 personnes. Elles produisent des produits éthiques et biologiques qu’elles vendent sous la marque Libera Terra.
Le consortium a été créé pour regrouper les activités agricoles des différentes coopératives et pénétrer ainsi le marché de manière unie et efficace. Il s’organise en différents secteurs avec entre autres les divisions production/vente. Le consortium coordonne les phases de production de ses coopératives individuelles et supervise la transformation des matières premières en produits finis, en recherchant le meilleur moyen d’en faire valoir les qualités et de leur conférer une réelle valeur économique.
Le principe directeur de Libera Terra est de toujours rester fidèle à sa mission fondamentale : la réutilisation sociale des terres confisquées. La création et la sauvegarde de fermes à l’avenir prometteur offrant un emploi stable, sont rendues possibles par la production et la vente de marchandises.