Les coopératives industrielles et de services : une attitude entrepreneuriale et innovante au service de la société toute entière
17 octobre 2016
Les PME coopératives
Les différents mécanismes mis en place par les coopératives de PME pour rester fortes et transformer la société ont été analysés au cours de la réunion sectorielle coorganisée par CICOPA et la NRECA. Renforcer leur compétitivité sur les marchés publics et privés, leur cohésion, leur viabilité financière, leurs stratégies entrepreneuriales et technologiques, leurs capacités de R&D, l’internationalisation, le regroupement, les économies d’échelle et de gamme. Pour contrebalancer leur taille les coopératives ont développé différents instruments qui leur sont propres : services de conseil, programmes de formation, instruments financiers mutualisés, réseaux d’affaires et groupes horizontaux. Leur résistance aux crises et leur capacité d’innovation tiennent en grande partie de l’expérience essentielle des coopératives.
« Ces mesures constituent la source du développement des PME coopératives parce qu’elles viennent de l’intérieur et qu’elles sont conçues pour rencontrer leurs besoins spécifiques de développement et de compétitivité. Dans les pays où l’on constate un manque de soutien des politiques publiques aux coopératives elles constituent leur principal moteur de développement. Lorsqu’elles sont accompagnées de politiques publiques appropriées, leur efficacité et leur impact s’en trouvent multipliés » a déclaré Manuel Mariscal, président de CICOPA.
Services sociaux et de santé : la voie coopérative
Au cours de la réunion sectorielle coorganisée avec IHCO et des experts reconnus, CICOPA a débattu de l’expansion actuelle et potentielle des services sociaux et de santé fournis par les coopératives. Un fort accent a été mis sur les nouveaux besoins croissants qui transforment profondément la société et qui rendent si nécessaire la contribution des coopératives. Giuseppe Guerini, Président de Federsolidarietà et de CECOP, a évoqué certains de ceux-ci : une population vieillissante, un exode rural et un déplacement transfrontalier des populations. Quelle est la formule coopérative pour répondre aux défis mondiaux ? La participation de la communauté toute entière et en particulier la dimension « multiparties prenantes » sous laquelle sont organisées de nombreuses coopératives qui proposent des services sociaux et de santé est l’un des fers de lance du modèle économique coopératif. À ce sujet, J. Cotterau de la CG Scop a partagé le modèle de la SCIC française (Société coopérative d’intérêt collectif) dont les règles spécifiques de gouvernance interne permettent de combiner démocratiquement les intérêts d’acteurs différents comme les travailleurs, les utilisateurs et d’autres acteurs communautaires tels que des associations ou des collectivités locales.
Simel Esim, Chef de la branche coopérative de l’Organisation Internationale du travail souligne le rôle joué par les coopératives qui fournissent aux femmes des services sociaux et de santé pour les aider à sortir de la pauvreté et à faciliter leur passage du travail informel au travail formel. Selon le Président de CICOPA, le pouvoir essentiel et tout le potentiel des coopératives actives dans ce secteur sont inhérents à la nature même des coopératives qui « ne sont définitivement pas des entités vouées à la recherche du profit, allient les objectifs économiques et sociaux en mettant leur attitude entrepreneuriale et innovante au service de la société toute entière ».
Le lauréat du prix Nobel : les coopératives peuvent refaçonner notre économie
Au cours de ces trois jours pleins d’enrichissement les échanges ont été alimentés par des discussions sur des problèmes mondiaux fondamentaux tels que les conçoivent certains économistes de renom, comme Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel de l’économie qui s’est interrogé sur les défis auxquels doit faire face l’économie mondiale et le rôle des coopératives pour les rencontrer : « Nous devrions apprendre des coopératives, si nous le faisons, nous pourrons refaçonner notre économie, la mondialisation et savoir quelle est notre identité ». Ces alternatives font une très grande différence. Je crois que nous pouvons construire un monde où l’économie, fondée sur la solidarité, sera bénéfique pour tous ». Plus d’information dans le site de Co-operative News
« Disséminer le modèle, c’est une question de visibilité et de compréhension par le public : je vous recommande vivement d’avoir non seulement le courage de votre conviction mais aussi la fierté de ce que vous accomplissez déjà. Notre avenir est à bien des égards entre vos mains » a déclaré Robert Reich, leader d’opinion.
Mark Kramer, fondateur et directeur de FSG a également participé au Sommet où il a montré comment les principes coopératifs « protègent du court terme et confèrent un avantage compétitif » après avoir déclaré que les regroupements (clusters) constituent les meilleures opportunités pour les coopératives.
Une première dans l’aide des Nations Unies aux objectifs de développement durable
Les coopératives et des entreprises mutualisées ont aussi réaffirmé leur capacité, par leur nature et leurs valeurs, de contribuer au développement durable. C’est la première fois qu’un groupe économique international s’est engagé à soutenir les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous.
La dernière journée du Sommet a été consacrée à une réflexion collective ; les participants ont identifié plusieurs lignes directrices pour atteindre ces objectifs. Pour cristalliser cet effort collectif les engagements et les initiatives seront diffusés sur Co-ops for 2030 de manière à mobiliser le monde coopératif tout entier.
L’édition 2016 du World Co-operative Monitor vient de paraître
Les 300 plus grandes coopératives mondiales ont connu une augmentation de chiffre d’affaires de 7,20 %. Plus de 32 % d’entre elles sont agricoles, 39 % travaillent dans le secteur de l’assurance, 19 % dans le commerce de gros et de détail et 6 % dans les services bancaires et financiers. Certaines sont aussi actives dans le domaine des soins de santé et de la protection sociale (1 %), industriel (2 %) et d’autres activités et services. La Coopérative Mondragon reste le premier groupe coopératif du secteur industriel avec un chiffre d’affaires de 17,5 milliards de dollars US.
La Journée internationale des coopératives de travail associé
Le 14 octobre, après le Sommet de Québec, les coopérateurs du monde entier ont participé à la Journée internationale des coopératives de travail associé intitulée « Démocratiser les milieux de travail : les innovations en matière de gestion collective par les travailleurs ». Manuel Mariscal, Président de CICOPA, a souligné que l’intercoopération était l’ingrédient du développement des coopératives de travail associé tandis que des intervenants comme Tim Huet, fondateur du Groupe Arizmendi, a partagé des conseils pour assurer la responsabilisation des travailleurs par la propriété des travailleurs. La journée était organisée par le Réseau de la coopération du travail du Québec et par le membre de CICOPA, la Fédération canadienne des coopératives de travail associé (CWCF).