Les coopératives de travail ont le potentiel de faire progresser l’égalité entre les hommes et les femmes
15 octobre 2024
Par Kenzie Love (Fédération canadienne des coopératives de travail – FCCT)
Faire progresser l’égalité entre les hommes et les femmes est une condition essentielle pour un monde plus juste et plus durable, et la voie vers cette égalité commence souvent sur le lieu de travail. La recherche montre que les femmes qui sont autonomes dans leur carrière peuvent également l’être davantage dans leur foyer et leur communauté. Étant donné que les coopératives de travail associé sont l’un des meilleurs moyens d’autonomiser les travailleurs, sont-elles également le meilleur moyen d’autonomiser les femmes et les personnes issues de la diversité des genres ? Joan Meyers, professeur associé à la California Polytechnic State University, reconnaît que le potentiel est là, compte tenu de la nature démocratique des coopératives de travail associé. Mais l’histoire montre, selon elle, qu’elles n’ont pas toujours été à la hauteur de ce potentiel.
“Il y a eu des moments où l’égalité des sexes n’a pas été importante et n’a pas eu lieu”, dit-elle.
Toutefois, Mme Meyers estime que le mouvement des coopératives de travail associé en Amérique du Nord va dans la bonne direction en ce qui concerne l’égalité entre les hommes et les femmes.
“Beaucoup de personnes sont issues de mouvements de justice sociale où l’on discute de l’égalité des sexes et où l’on ne considère pas le genre comme une simple binaire”, explique-t-elle. Nous réfléchissons à la manière dont le genre, et nos idées sur le genre, déterminent la répartition du pouvoir d’une manière très différente de celle qui consiste à dire : “Les femmes sont une chose et elles ont naturellement certains intérêts, et les hommes sont une chose”. Aujourd’hui, nous commençons à considérer le genre comme une construction sociale qui varie considérablement d’une classe à l’autre, d’une race à l’autre, d’un type de culture à l’autre. Je vois donc beaucoup plus d’égalitarisme entre les sexes dans la vague actuelle de coopératives”. Il s’agit de l’intersectionnalité – du genre, de la race, de la classe, du handicap, de l’âge, etc.
En effet, la recherche suggère que, par rapport aux entreprises traditionnelles, les coopératives de travail ont tendance à avoir des écarts de rémunération plus faibles entre les sexes et entre les sexes, et plus de femmes dans les postes de direction. C’est ce désir d’un lieu de travail plus équitable qui a motivé Danielle Turpin et deux autres femmes à fonder l’Ontario’s Home Care Workers’ Co-operative.
Selon Mme Turpin, la coopérative a permis aux femmes de s’émanciper d’une manière qui n’aurait jamais été possible autrement. Dans une entreprise traditionnelle, note-t-elle, les aides à la personne n’ont pas vraiment leur mot à dire sur leurs conditions de travail. Bien qu’elle aimerait qu’une loi change cette situation, elle pense que des coopératives comme la Home Care Workers’ Co-operative peuvent servir de modèle entre-temps.
“Ce que nous pouvons faire, c’est fixer une norme très élevée”, dit-elle, “et une partie de cette norme, je pense, consiste à permettre aux femmes de s’exprimer à la table des négociations. Nous commençons à fixer des normes sur la manière dont nous devons être traitées, sur la manière dont nos clients doivent être traités, sur la manière dont notre environnement de travail doit être, et nous faisons en sorte qu’il en soit ainsi.
Mais si le modèle des coopératives de travail associé offre indubitablement une alternative supérieure aux femmes dans le secteur des soins à domicile, on peut raisonnablement s’interroger sur son impact dans l’économie au sens large. Mme Meyers pense toutefois que les coopératives de travail associé peuvent avoir un impact qui va au-delà de leur échelle relativement petite en influençant les entreprises traditionnelles pour que les travailleurs aient davantage leur mot à dire.
“Je pense que l’introduction de ce niveau de démocratie a vraiment changé la façon dont l’inégalité est acceptée dans les organisations”, dit-elle. “Il reste évidemment un long chemin à parcourir, plus encore dans les entreprises qui n’appartiennent pas à des travailleurs que dans celles qui leur appartiennent. Mais je pense que les coopératives de travail associé permettent d’expérimenter et d’éclairer le débat sur ce qui constitue une demande légitime de la part des travailleurs.
Mme Turpin reconnaît qu’il est important de faire connaître le modèle des coopératives de travail associé. Selon elle, de nombreuses femmes ne se rendent pas compte que le modèle des coopératives de travail associé offre une véritable alternative. Pourtant, la Home Care Workers’ Co-operative montre qu’une meilleure voie est possible.
“Je pense que si l’on met l’accent sur les femmes en particulier, et que l’on trouve des moyens et des voies pour les aider à entrer dans les coopératives, le monde s’en portera mieux”, dit-elle.
Les coopératives dirigées par des femmes (ou principalement par des femmes) au Canada sont les suivantes :
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