L’étonnante santé des médias coopératifs uruguayens
Par la Federación de Cooperativas de Producción del Uruguay (Traduit de l’espagnol)
Alors que la communication est en train de révolutionner totalement la communication, les médias uruguayens traversent une crise qui semble s’aggraver plus elle dure. Le contenu à la demande est en concurrence avec la télévision, la radio est mise au défi des podcasts et les médias traditionnels sont confrontés au flux sans fin d’informations fournies sur les réseaux sociaux.
C’est dans ce contexte en Uruguay que deux coopératives de médias luttent pour leur survie. Bien qu’ils aient un passé similaire, ils ont un lectorat et un discours différents. Les publications «La Diaria» et «Brecha» coexistent dans un environnement de plus en plus hostile.
«La Diaria» (Le Quotidien) est publié du lundi au vendredi et repose sur un système d’abonnement unique dans notre pays. Il a réussi à éviter l’une des principales faiblesses des médias en Uruguay, à savoir le fait d’être disponible à la vente uniquement dans les kiosques à journaux. Ce quotidien a beaucoup progressé et est devenu la deuxième publication quotidienne du pays. Son contenu, à la fois créatif et critique, a réussi à capter un lectorat jeune, fatigué du discours exprimé par les médias traditionnels. Plutôt que de suivre ou de se conformer à l’opinion de l’établissement, sa ligne éditoriale attire l’attention sur des sujets qu’elle considère comme la sienne, notamment la question fondamentale des droits et des devoirs des citoyens.
«Brecha» (La brèche) est une publication hebdomadaire qui a plus de 30 ans d’expérience et les meilleurs écrivains (Eduardo Galeano, Mario Benedetti, Hugo Alfaro, Idea Vilariño, entre autres) de notre pays. Il se définit comme une publication indépendante et de gauche. Son contenu est intentionnellement critique, voire caustique, alors que sa force réside dans sa vision politique et analytique des problèmes latino-américains. Ses articles, reconnus pour leur qualité, font de Brecha une lecture essentielle pour les intellectuels, les universitaires et les décideurs.
Les deux publications ont été contraintes de développer leurs activités l’année dernière. La Diaria a ajouté une édition du week-end à ses publications traditionnelles, tandis que Brecha a dû améliorer certains aspects de son site Web et a introduit un supplément qui couvre l’actualité nationale (un magazine appelé Ajena). Les deux publications doivent évoluer constamment.
Les chiffres présentés en décembre concernant le nombre de lecteurs de journaux uruguayens montrent que la vente de publications imprimées a chuté de près de 15% depuis la Coupe du monde (juillet 2018). Cela a durement touché le secteur, à tel point que la presse traditionnelle, soutenue par des entreprises ou des partis politiques, a dû modifier ses méthodes de travail et commencer à restreindre l’accès à son contenu numérique.
C’est dans ce contexte que se trouvent actuellement les coopératives de médias uruguayennes. Leur vitalité et leur capacité à survivre sont étroitement surveillées de toutes parts en cette période incertaine où tout le monde attend ou espère que les lecteurs changent leurs habitudes ou mettent en place des politiques publiques qui permettront aux informations de rester plurielles et accessibles à tous.