Coopératives de travail associé et coopératives sociales pour les Jeux olympiques de Paris 2024

26 Juillet 2024

L’édition 2024 marque une rupture dans l’histoire des Jeux olympiques et paralympiques, en mettant l’accent sur les questions climatiques et environnementales. Les coopératives de travail associé et les coopératives sociales apportent leur expertise sur ces questions.

La Société de réalisation de l’Olympique (Solideo) et les acteurs impliqués dans la construction de ces infrastructures se sont engagés à rendre accessible aux petites et moyennes entreprises (PME) 25 % des marchés publics initialement prévus (en termes de volume financier). Cet été, Nicolas Ferrand, directeur général de la Solideo, a annoncé que cet objectif avait été dépassé : 729 millions d’euros ont été signés avec 1 927 TPE/PME, dont 103 structures de l’économie sociale, issues de 85 départements.

Œuvres emblématiques

La plupart des équipements ont déjà été construits (Stade de France, Parc des Princes, Bercy, Roland Garros, Grand Palais, etc.), mais des travaux sont encore nécessaires et des structures temporaires seront construites (tribunes, sites de compétition, etc.). La Solideo est chargée de financer, superviser et livrer ces différentes opérations. Elle sera également chargée de reconvertir les sites de 2025 en équipements, logements et bureaux. Cette adaptabilité se veut “ambitieuse, durable et exemplaire”.

Le budget actuel est de 4,49 milliards d’euros pour 64 projets. Le Centre aquatique olympique, l’Arena 2 et les deux Villages olympiques (pour les athlètes et les médias) sont les nouveaux projets. Étamine (Vaulx-en-Velin), société de conception et de conseil en performance environnementale, participe à la construction de 6 installations olympiques et a été chargée de définir les objectifs de performance environnementale pour le centre aquatique olympique. Ce bâtiment équipé “bas carbone” intègre de manière significative des matériaux bio-sourcés et présente de nombreuses innovations (quais mobiles, filtration haute performance, mesure en continu de la trichloramine, récupération maximale de la chaleur et de l’eau).

Pour une partie du village des athlètes, cette coopérative ouvrière a contribué à la mise en œuvre de la stratégie environnementale et a réalisé les études nécessaires. “C’est un projet majeur par son ampleur et son déroulement : tous les bâtiments ont la même date de livraison, ce qui implique des études simultanées, des approvisionnements simultanés, etc”, commente Solène Peyragrosse, directrice technique.

En revanche, l’Atelier Aino (Marseille) a été engagé comme sous-traitant de Bouygues Bâtiment Île-de-France pour l’Arena 2. “Notre implication dans le projet global a été très limitée mais, malgré une réglementation très exigeante, nous avons pu proposer l’utilisation de la terre crue dans la salle publique. Il s’agit de blocs de terre comprimée (BTC), fabriqués à partir des déblais générés par les travaux de voirie et réalisés par la Fabrique Cycle-Terre (Sevran)”, explique Louise Dubois, responsable matériaux.

Scoping (Massy), société d’ingénierie et de conseil en bâtiment, a joué un rôle clé dans la rénovation énergétique du centre sportif des Poissonniers et du complexe sportif d’Eaubonne (CDFAS), ainsi que dans la construction du village des athlètes à l’Île-Saint-Denis. Dans un souci d’efficacité énergétique et de conception bioclimatique, le projet prévoit une toiture claire et une ventilation naturelle pour lutter contre les surchauffes estivales du CDFAS. Pour le gymnase des Poissonniers, les coopératives ouvrières ont privilégié le réemploi des matériaux. Enfin, pour le village olympique, la transformation des logements des athlètes en logements familiaux après les Jeux de 2024 a été prévue dès le départ.

L’Atelier Reeb (Schiltigheim) a 32 ans d’expérience dans le traitement écologique des eaux usées. L’entreprise a accompagné un bureau d’études parisien dans la création d’un système de recyclage des eaux de douche pour une caserne de pompiers à Saint-Denis. Pour Étienne Dantan, directeur technique, “ce projet a la particularité de se situer en milieu urbain. Ce système de traitement est mis en place à titre expérimental, avec une dérogation de l’ARS (Agence Régionale de Santé)“.

“Nous avons travaillé sur l’aménagement du territoire et sur l’ensemble des bâtiments et ouvrages d’art du village olympique. Que ce soit pour le Grand Paris ou les Jeux Olympiques de 2024, la Seine-Saint-Denis est en plein développement, avec l’extension des tramways, le dévoiement des réseaux (électricité, eau, assainissement) et les ouvrages olympiques”, commente Stanislas Choiseau, président du Groupe ATGT Géomètre- Expert (Bobigny).

Accélérateurs d’innovation et d’investissement

Avec leurs fortes ambitions environnementales, ces installations olympiques encouragent l’utilisation de solutions nouvelles ou peu utilisées. Elles servent de véritable catalyseur pour la mise à l’échelle et l’innovation, permettant aux différentes parties prenantes d’utiliser pleinement leurs connaissances et leur expertise.

“Nous nous attendons à ce que la terre crue soit de plus en plus utilisée dans les projets de construction quotidiens. Cette mission nous a déjà permis d’aboutir à un projet de recherche sur les performances thermiques de ce matériau”, confie Louise Dubois de l’Atelier Aino. “Fiers d’être impliqués dans des projets olympiques, nos employés développent ces bâtiments pour les générations futures”, déclare Hayat Khatri, directrice des ventes et de la communication de Scoping. Pour Étamine, “ces contrats sont la mise en œuvre à grande échelle de conceptions et de constructions innovantes“.

“Cela permet de lever des barrières et d’envisager de nouvelles collaborations”, estime Solène Peyragrosse. Pour Étienne Dantan de l’Atelier Reeb, “cette collaboration pourrait déboucher sur d’autres contrats pour des projets urbains, avec des montants potentiellement supérieurs à nos standards habituels. Nous devons nous adapter à cette évolution qui est prometteuse”.

Article publié à l’origine dans le journal “Particper”, produit par CGSCOP, membre français de CICOPA.