Entre enjeux locaux et urgence universelle : les coopératives s’engagent dans la transition écologique
09 Dec 2015
A l’occasion de la Cop 21, conférence sur le climat qui se tient à Paris et au cours de laquelle les membres de l’ONU doivent signer un nouvel accord international contre le réchauffement climatique, les coopératives de travail associé ont mis en avant leurs bonnes pratiques dans des secteurs aussi divers que les énergies renouvelables, l’économie circulaire et la mobilité douce. Article paru dans le dernier numéro du magazine Partager de la CG Scop.
Rédigé par la CG Scop, fédération française des coopératives de travail associé.
Les coopératives accordent une attention particulière à une croissance durable, moins consommatrice d’énergie et de ressources naturelles. Grâce à leur enracinement local, leur gouvernance collective et leurs projets innovants, elles sont de plus en plus nombreuses à investir ce champ économique.
Certains experts estiment que ce domaine créera plus de dizaines de milliers d’emplois. Dans certains secteurs, les coopératives de travail associé et les coopératives sociales sont leaders comme le covoiturage et le bois énergie. Que la transition écologique soit au cœur de leur métier ou que de nouveaux besoins les poussent à changer leurs méthodes de travail et de production, les coopératives n’ont pas attendu la loi sur la transition énergétique ou l’organisation de la cop 21 pour répondre aux besoins du réchauffement climatique et du développement durable.
La gestion des déchets
“La croissance verte est un bon vecteur social et économique, créateur d’emplois et de richesses. C’est ce qu’il faut suivre pour les 30 prochaines années”. Si Etienne Wiroth, président de tri-vallées, en est si convaincu, c’est que sa coopérative albertvilloise développe depuis plus de 20 ans des activités au cœur de la transition écologique telles que la gestion des déchets, le nettoyage des parcs verts et la mobilité douce.
“Notre première activité était orientée vers le recyclage et le tri sélectif, explique Etienne Wiroth, d’abord pour le textile et le verre, puis au fil des années pour les déchets électroniques et le matériel de ski. Nous étions en avance sur le concept d’économie circulaire qui intègre le cycle de vie des déchets au lieu de les brûler ou de les enfouir. De telles activités ne peuvent être menées qu’en coopération avec des entreprises et des collectivités locales. “Tri-vallées est membre du territoire à énergie nette zéro créé par l’Ademe, l’Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie”, poursuit Etienne Wiroth. Nous essayons donc de travailler avec d’autres entreprises et acteurs pour créer de l’énergie locale.
Par exemple, nous avons construit Horizon, une future unité de digestion anaérobie pour recycler les biodéchets de nos partenaires locaux. Les coopératives ont l’habitude de travailler collectivement et c’est un avantage pour elles sur ces thématiques et leur capacité à répondre aux marchés publics. La transition énergétique sera sans aucun doute créatrice d’emplois. Tri vallées compte 110 salariés, 170 si l’on compte l’ensemble du groupe AART qui est composé de Tri vallées et d’autres sociétés affiliées comme la Scop Alpes Paysage, dédiée à l’environnement ou la Scic Spad, impliquée dans les services à domicile. Tri-vallées est aussi une entreprise d’insertion, Etienne Wiroth estime qu’au moins un tiers de ce type d’entreprises sont engagées dans la transition écologique, et parmi elles beaucoup sont des coopératives.
Le bois de chauffage
C’est dans une optique d’économie circulaire et d’énergie durable qu’ERE43, un bureau d’études d’Yssingeaux, se bat pour la transition écologique depuis maintenant de nombreuses années. A l’origine de la Scic (société coopérative d’intérêt collectif) créée en 2007, on trouve un collectif d’habitants de Haute-Loire engagés sur l’énergie et le changement climatique. Face aux enjeux, nous avons voulu agir, à l’échelle du territoire, explique Jacques Villevieille, gérant de la Scic. Nous intervenons principalement dans la filière du bois de chauffage. Nous repérons les collectivités qui ont besoin d’une chaufferie et nous les incitons à installer un système de chauffage modul’R qui peut chauffer jusqu’à 3 bâtiments. Nous nous occupons également de la recharge en bois. Tout cela a permis de créer un circuit court local soutenant la transition énergétique. Ere 43, avec 4 salariés, a déjà installé 17 chaufferies dans le département pour des particuliers, un hôtel et un gymnase, qui peuvent tous devenir sociétaires de la SCIC.
Un besoin économique
La coopérative ouvrière Adfine, un bureau d’études de Millau, s’occupe aussi des bâtiments communaux mais pas seulement… François Amieux, gérant de la coopérative, créée en 2012, a sa propre définition de la transition écologique : ” être capable de vivre dans un monde où l’on se soucie de l’environnement, être capable de faire plus avec moins “. Adfine applique les principes de l’économie circulaire. “Nous aidons les entreprises et les collectivités locales, poursuit François Amieux, à optimiser leurs flux entrants (électricité, chaleur…) et sortants (déchets, produits manufacturés…). Avec quel outil ? Le bilan carbone, l’analyse du cycle de vie des produits, le diagnostic énergétique, la certification ISO14001. Nos clients ont des besoins économiques auxquels s’ajoute la sensibilisation. Comme beaucoup d’autres coopératives engagées dans la transition, Adfine se porte bien, elle a doublé son nombre de salariés, cette année, passant de 4 à 8.
Coopératives et écologie : l’implication du mouvement
Suite aux résolutions du congrès de Marseille en 2012, la CG Scop a mis en place une commission RSE qui travaille sur la compréhension du rôle des coopératives de travail associé et des coopératives sociales dans la transition écologique. Une analyse réalisée par la CG Scop en 2015 estime qu’environ 200 coopératives, dans tous les secteurs sauf la construction, participent activement à la transition énergétique : conseils sur l’environnement et le développement durable, énergies renouvelables, alimentation bio, cycle court, bois-énergie, covoiturage. Le tout représente 7,2% des coopératives et sociétés participatives qui emploient plus de 1200 salariés et génèrent un chiffre d’affaires d’environ 151 millions d’euros. Dans le secteur de la construction, de nombreuses coopératives sont impliquées depuis longtemps dans l’éco-construction et l’efficacité énergétique.
Elles peuvent, depuis juin 2015, détenir le label RSE, créé par leur fédération en collaboration avec l’Afnor. Les groupes des industries du déchet et du recyclage représentent 33 coopératives et emploient 2 300 salariés pour un chiffre d’affaires de 114 millions d’euros. Globalement, l’étude RSE réalisée en 2014 auprès des adhérents de la CG Scop montre que 41% des coopératives déclarent avoir développé des éco-produits, 36% se disent impliquées dans le management environnemental, la moitié a engagé une démarche de valorisation des déchets et une sur trois souhaite une meilleure efficacité énergétique. Vous pouvez lire l’article complet dans le dernier numéro de Partager.