Les coopératives : une source d’inspiration pour un tourisme plus responsable et axé sur les personnes
11 mai 2017
Les coopératives : une source d’inspiration pour un tourisme plus responsable et axé sur les personnes
Au fil des années, le tourisme a connu une croissance continue et une très grande diversification pour devenir l’un des secteurs économiques les plus dynamiques au monde. Le tourisme moderne est étroitement lié au développement, englobe un nombre croissant de nouvelles destinations et représente un secteur économique clé, selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Aujourd’hui, le tourisme représente 10 % du PIB mondial et 1 emploi sur 11. L’ONU ayant déclaré 2017 Année internationale du tourisme durable pour le développement, CICOPA souhaite consacrer le premier dossier spécial de « Travailler Ensemble » à l’analyse de la manière dont les coopératives, grâce à leur modèle entrepreneurial, représentent une opportunité importante pour le développement des économies locales par une approche durable et constituent aussi une source d’inspiration pour un tourisme plus responsable et axé sur les personnes. À travers l’expérience concrète de coopératives du secteur du tourisme au Costa Rica, en France, au Lesotho, en Argentine, au Royaume-Uni et en Italie, vous découvrirez comment elles contribuent aux trois piliers de la durabilité : économique, social et environnemental.
Comment les coopératives favorisent-elles un « tourisme bien conçu et bien géré ? »
Les dirigeants mondiaux de la conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) ont reconnu « qu’un tourisme bien conçu et bien géré » peut contribuer aux trois dimensions du développement durable, à la création d’emplois et au commerce. Les services et les produits des coopératives sont conçus et gérés de manière démocratique par leurs membres regroupés pour répondre à leurs besoins individuels et à ceux de leur communauté proche. En tant que membres coopératifs, acteurs de leur communauté, ils recherchent des solutions efficaces et durables dans le long terme.
À titre d’exemple, Cooprena est un groupe coopératif qui utilise le tourisme rural communautaire comme déclencheur économique de sa zone géographique au Costa Rica pour améliorer la vie des membres de la communauté rurale « en développant des produits touristiques non traditionnels, en favorisant le tourisme rural et en intégrant les moyens de subsistance et les talents de chaque coopérative dans l’industrie du tourisme ». Un autre exemple est celui de cette coopérative du Lesotho qui propose des visites guidées des empreintes de dinosaures découvertes près de leur communauté et offre à la vente les objets artisanaux qu’elle produit comme des moulages de ces empreintes, des bijoux et des œuvres d’art.
La décision de faire de 2017 l’Année internationale du tourisme durable pour le développement s’inscrit à un moment particulièrement important car la communauté internationale adopte le nouvel Agenda 2030 et les objectifs de développement durable. Le tourisme est en effet inclus dans trois de ces objectifs : objectif 8 : promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous ; objectif 12 : établir des modes de consommation et de production durables et objectif 14 : conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable.
La coopérative sociale Fratello sole qui aide les personnes marginalisées à trouver un emploi et à devenir indépendantes dans une grande structure hôtelière de la côte ionienne italienne et le Sail Boat Project, une coopérative de travail associé basée au Royaume-Uni qui propose une gamme de voyages en bateau et des activités basées sur la navigation, y compris la formation à bord, utilisant ces activités pour accroître la confiance en soi des personnes marginalisées des communautés côtières, sont d’authentiques exemples de la manière dont les coopératives peuvent créer une croissance économique inclusive et durable grâce à des activités liées au tourisme.
De son côté, la coopérative Okra, installée dans une ancienne usine de production d’ocre construite en 1921 à Roussillon, une petite ville de 1300 habitants du sud de la France (Lubéron), montre comment les coopératives maintiennent les activités locales qui auraient pu disparaître. Aujourd’hui, la coopérative rassemble 41 travailleurs et producteurs et 248 coopérateurs, y compris des artisans, des clients, des fournisseurs, des bénévoles et les autorités locales, et se définit comme une coopérative culturelle ouverte à toutes les générations de visiteurs et de professionnels disposés au partage des ressources et à la transmission des connaissances et des savoir-faire pour tout ce qui a trait à la couleur.
Promouvoir la culture coopérative
Un certain nombre d’expériences compilant des destinations coopératives montrent comment ces entreprises préservent le patrimoine culturel et industriel local tout en promouvant l’histoire et les valeurs du mouvement coopératif auprès des visiteurs. C’est le cas de Cooproute, un itinéraire qui regroupe actuellement plus de 80 coopératives et musées à travers l’Europe.
Cooproute a inspiré un groupe de chercheurs de l’université de Buenos Aires en Argentine qui ont lancé en 2016 une route nationale des coopératives. Jusqu’à présent, ils ont publié les coordonnées de soixante coopératives pour montrer les contributions économiques, sociales et culturelles que les coopératives ont apportées dans tout le pays pour mettre en lumière les aspects peu connus de son patrimoine.