Journée internationale des travailleurs : La capacité des coopératives à fournir des emplois durables devrait inspirer l’avenir du travail
2 Juillet 2017
Le monde du travail vit d’énormes transformations : la qualité et l’organisation du travail, la crise des systèmes sociaux et économiques et la soi-disant 4ème révolution industrielle mettent le monde sens dessus dessous. En tant qu’entreprises détenues et gérées de manière démocratique par leurs travailleurs, les producteurs et, dans certains cas, leurs utilisateurs, les coopératives industrielles et de services souhaitent rappeler aujourd’hui, Journée internationale des travailleurs, comment elles peuvent être l’un des outils qui permettront de sauvegarder un emploi durable par une répartition égale du travail et de la richesse. Les coopératives devraient être reconnues en particulier pour le niveau de travail qu’elles génèrent, elles représentent 9 % de la population active mondiale, selon l’étude de CICOPA « Coopératives et emploi : deuxième rapport global » qui sera bientôt publiée.
Selon cette étude, les coopératives offrent un emploi à près de 272 millions de personnes dans le monde[i]. La plupart d’entre elles sont des producteurs individuels (244 millions) qui travaillent comme travailleurs autonomes dans le cadre de coopératives de producteurs et d’indépendants que l’on rencontre de plus en plus dans l’industrie et les services. Ces coopératives sont un moyen pour les travailleurs indépendants de surmonter l’isolement et la précarité en regroupant leurs ressources et en bénéficiant d’avantages partagés comme les services comptables ou de marketing.
Le potentiel des coopératives pour fournir un travail décent aux travailleurs indépendants
L’étude analyse une double tendance à l’échelle mondiale : tout d’abord, un transfert net massif de la population occupée dans un statut de travailleur vers un statut de travailleur indépendant à l’échelle mondiale et une recrudescence de l’économie et de l’emploi informels, en particulier pour les travailleurs à domicile, les travailleurs du secteur des soins et des services à domicile, les récupérateurs de déchets et les vendeurs ambulants, ainsi que dans le secteur de la construction, conjuguée à une augmentation des migrations mondiales dans certains de ces secteurs et avec la montée des plateformes informatiques (phénomène connu sous le nom « d’uberisation »).
Les coopératives industrielles et de services commencent à répondre à de tels défis avec des formes novatrices, comme les coopératives de freelances et les coopératives de plateformes. La façon dont les coopératives répondent aux défis de l’avenir du travail a été analysée lors d’un atelier sur l’avenir du travail organisé par CECOP-CICOPA Europe à Malte le 26 avril et où Sandrino Graceffa, PDG de la coopérative belge d’artistes indépendants SMART.Be, a donné un exemple concret de la manière dont les coopératives peuvent être un outil pour les travailleurs indépendants afin de mutualiser de meilleures conditions de travail et offrir une meilleure protection sociale. « Les travailleurs d’Uber sont des particuliers qui font ce que la plateforme leur demande de faire. Ils ne sont pas libres de choisir le client, le contrat, etc. tandis que la plateforme est gérée pour leur faire croire qu’ils sont des travailleurs autonomes afin qu’ils ne paient pas l’intégralité du coût du travail. Ainsi, ils transforment des travailleurs subordonnés en travailleurs indépendants. Dans Smart, nous faisons exactement le contraire, les travailleurs ont un haut niveau d’autonomie et ils obtiennent le statut de salarié », a déclaré Sandrino Graceffa.
Comme cela a également été souligné lors de l’atelier de Malte, les coopératives industrielles et de services ont de l’expérience dans l’accueil des réfugiés et dans la fourniture d’un emploi à certains d’entre eux, comme l’a montré le témoignage de Sira Madigata, un réfugié malien retrouvé sur un radeau en Méditerranée et qui est maintenant un membre-ouvrier et un intermédiaire culturel de la coopérative sociale de San Filippo Neri en Italie.
Au cours de l’atelier, Simel Esim, responsable de l’unité COOP de l’OIT, a expliqué pourquoi doivent être encouragées les coopératives de jeunes qui se réunissent pour partager leurs risques, les responsabilités et leur savoir-faire. « Ces cas émergent, mais ils ont besoin d’un soutien adéquat pour continuer, c’est là que le mouvement coopératif est nécessaire », a-t-elle déclaré. Elle a également souligné l’importance pour les coopératives de promouvoir les normes du travail de l’OIT comme celles incluses dans les principes et les droits fondamentaux et la notion de travail décent auxquels elles se sont engagées dans la Recommandation 193 de l’OIT sur la promotion des coopératives.
Mario Cardona, du ministère maltais de l’éducation et de l’emploi, a souligné l’importance fondamentale de l’éducation pour promouvoir le travail et l’emploi coopératifs, et le président de CECOP – CICOPA Europe, Giuseppe Guerini, a conclu en observant que, alors que l’identité des citoyens venait auparavant du travail, elle a tendance aujourd’hui à provenir de la consommation et il a souligné la nécessité de promouvoir l’intégration du travail et de la consommation dans l’identité des citoyens, dans la double défense des droits des travailleurs et des droits des consommateurs.
« Coopératives et emploi : deuxième rapport global » est une étude de CICOPA qui sera prochainement publiée et qui a été réalisée avec le soutien financier de l’Alliance Coopérative Internationale.
Vous trouverez la première édition de l’étude « Les coopératives et l’emploi : un rapport global » ici
[i] 272 millions sont des producteurs indépendants, 17 millions sont des travailleurs et 11 millions sont des travailleurs-membres.
Le communiqué de presse est aussi disponible ici