Les outils d’intercoopération au service des PME coopératives pour rester fortes et transformer la société
15 octobre 2016
Les petites et moyennes entreprises (PME) sont très représentées parmi les coopératives d’industrie, de services et dans le secteur de l’énergie. 95 % des entreprises représentées par CICOPA sont des PME : que font-elles pour rester fortes ? Les intervenants de la réunion sectorielle “Les coopératives dans industrie, les services et l’énergie : comment aborder la dimension PME, aujourd’hui et demain”, tenue dans le cadre du Sommet international des coopératives au Québec et co-organisé par CICOPA conjointement avec l’Association nationale des coopératives d’électrification rurale aux États-Unis, ont analysé comment les coopératives compensent leur taille de PME par principalement de la coopération entrepreneuriale entre elles grâce à des principes coopératifs afin de transformer la société.
Renforcer leur compétitivité sur les marchés privés et publics, leur cohésion, leur viabilité financière, leurs stratégies entrepreneuriales et technologiques, leurs capacités en R&D, leur internationalisation, ou en se groupant et en réalisant des économies d’échelle et de gamme, etc. Elles ont développé à cet effet des services de conseil, des programmes de formation, des instruments financiers mutualisés, des réseaux d’affaires et des groupes horizontaux. Leur résistance aux crises et leur capacité d’innovation reposent dans une mesure substantielle sur cette expérience de coopération.
« Ces mesures constituent la principale source du développement des PME coopératives parce qu’elles viennent ‘de l’intérieur’ et qu’elles sont conçues pour satisfaire leur leurs besoins spécifiques en termes de développement et de compétitivité. Dans les pays où l’on constate un manque de politiques publiques d’aide aux coopératives, elles représentent le moteur principal de leur développement. Quand elles sont complétées par des politiques publiques appropriées, leur efficacité et leur impact sont démultipliés », indique Manuel Mariscal, Président de CICOPA.
Le mouvement coopératif a une longue expérience de soutien pour le développement de ses entreprises, en particulier en fournissant des services de conseil aux entreprises par des associations coopératives au niveau national et régional. L’expérience de la Confédération générale des coopératives de travail associé (CG Scop), le porte-parole des coopératives de travail associé (appelées « SCOP » en France) et des sociétés de coopératives d’intérêt collectif (SCIC), a été donné en exemple et partagé avec le public. La CG Scop s’articule autour d’un réseau de 13 Unions régionales réparties sur tout le territoire français et de trois fédérations de métiers : BTP, communication et industrie. Elle offre un soutien local de conseil, d’audit coopératif, la formation des employés et des gestionnaires et des instruments financiers, prêts et assistance juridique, entre autres.
Aldo Soldi a présenté l’expérience de Coopfond, une association créée pour gérer un fond de solidarité alimenté par les coopératives affiliées à Legacoop (une des trois associations coopératives en Italie). Elle soutient la création de nouvelles entreprises coopératives, ainsi que le développement ou la consolidation de celles qui existent déjà. Elle représente un circuit vertueux capable de développer la forme coopérative avec les ressources produites dans le mouvement coopératif et pendant ses plus de 20 ans d’activité, elle a aidé à créer ou sauver des milliers d’emplois.
Red Grafica Cooperativa est une coopérative de travail associé de deuxième degré créée en 2006 qui réunit 30 coopératives d’impression en Argentine. Red Grafica promeut la compétitivité et la durabilité sociale et économique de ses PME coopératives membres. À cet effet, elle encourage l’intégration de la production, l’implémentation d’outils de gestion, la formation, l’innovation, la créativité et la pratique régulière de la solidarité, de la démocratie et de la responsabilité. Red Grafica propose également de l’aide aux transferts d’entreprises aux travailleurs dans le secteur graphique. Aujourd’hui, le réseau compte, notamment, 11 coopératives de travail associé qui sont le résultat d’un rachat par les travailleurs. José Orbaiceta, Co-fondateur de Red Grafica a partagé avec le public comment en réponse à la hausse des coûts de produits de première nécessité les coopératives ont créé des groupes d’achat situés dans différents territoires. Ces initiatives impliquent, outre les coopératives de travail, les syndicats et les organisations de travailleurs, les coopératives de consommateurs, les organisations sociales et les tables intersectorielles basées sur la vision de la souveraineté alimentaire.
Groupes coopératifs
Selon les données les récentes, on peut estimer à 706 le nombre total des groupes coopératifs du réseau de CICOPA dans le monde, visant en grande partie à compenser leur taille de PME par une intercoopération entrepreneuriale. ENERCOOP, une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), est le plus grand groupe coopératif fournissant de l’énergie renouvelable en France. Elle offre une alternative démocratique et décentralisée de grands opérateurs dans le secteur de l’énergie, et favorise une transition énergétique durable. ENERCOOP s’est développée en un réseau de 10 coopératives régionales qui fournissent l’électricité sur tout le territoire en favorisant les circuits courts et en reliant 110 petits producteurs d’énergie à 35 000 usagers.
Arantza Laskurain, secrétaire général de la Corporation MONDRAGON a expliqué comment le groupe a permis le développement de ses 110 PME coopératives grâce à un ensemble sophistiqué d’instruments tels que la mise en commun des résultats, la gestion commune du chômage, des fonds financiers et sociaux communs, la R & D, les services, la formation et l’éducation, etc. Sa capacité d’innovation est principalement canalisée à travers ses 15 centres technologiques impliqués dans de nombreux projets ou dans la recherche et le développement technologique au niveau national et international. Arantza Laskurain a souligné comment les coopératives sont impliquées dans le développement local : “où il y a un développement coopératif fort, la distribution de la richesse est plus équitable”.
“Nous ne sommes pas intéressés par le pain, mais par la production d’une économie durable et surtout de l’espoir », a conclu Tim Huet, conseiller juridique du Groupe Arizmendi à San Francisco, une coopérative composée de six boulangeries coopératives et d’un centre de développement. Les membres partagent une mission commune, leur comptabilité, des services d’assistance légaux, éducatifs et de toutes sortes. Ils soutiennent le développement de nouvelles coopératives membres d’Arizmendi.
Pour plus d’informations sur la participation de CICOPA au Sommet international des coopératives, cliquez ici.