Le rôle des coopératives dans la transition vers l’économie formelle
Du 1er au 13 juin, des délégués travailleurs, employeurs et gouvernementaux de 185 États membres de l’Organisation internationale du Travail se réuniront à Genève lors de la 104e session de la Conférence internationale du Travail pour aborder un large éventail de sujets dont celui de la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle. CICOPA y apportera la vision coopérative au nom de l’Alliance Coopérative Internationale et demandera qu’une reconnaissance plus claire de la contribution réelle et potentielle des coopératives à la transition vers l’économie formelle soit inscrite dans la Recommandation qui devrait être publiée à la fin de la session.
27 mai 2015
Le document « Les coopératives, clés de la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle » élaboré par CICOPA qui sera distribué aux délégués démontre que le modèle entrepreneurial coopératif est particulièrement adapté pour sortir les gens de la pauvreté et pour réaliser la transition vers l’économie formelle. Au cours des deux derniers siècles les coopératives ont assuré de telles transitions : ainsi au 19e siècle, en Allemagne et en France, le crédit rural et les coopératives agricoles ont sorti la majorité des agriculteurs de l’informalité et de l’endettement. Ce processus s’est alors étendu à la plupart de ce qui est devenu le monde industrialisé et, plus récemment, dans les pays émergents. Aujourd’hui les coopératives de travail associé et les coopératives sociales s’inscrivent parmi les principaux types de coopératives qui peuvent assurer cette transition.
Basée sur dix semaines de travail de terrain dans des régions de dix pays différents dont trois présentant une forte concentration d’économie informelle – la ville d’Ahmedabad dans l’État du Gujarat en Inde, la province de Gauteng en Afrique du Sud et l’État brésilien du Paraiba, l’étude « Les coopératives et l’emploi – un rapport mondial » publiée par CICOPA en 2014 a démontré que l’emploi dans les coopératives tendait à être plus sûr que la moyenne. Pourquoi ? Étant donné que les coopératives sont des entreprises basées sur les parties-prenantes et établies pour le long terme, il est logique que leurs producteurs-membres, leurs travailleurs-membres et leurs employés bénéficient également de conditions de travail ou de production stables. Le travail de terrain a également mis en évidence un sentiment particulièrement fort d’identification avec la coopérative de ses membres et de son personnel et les employés et les gestionnaires perçoivent souvent de la même façon que l’employeur ultime est la communauté environnante, un facteur qui tend à améliorer la stabilité de l’emploi. Les coopératives le font effectivement et efficacement parce qu’elles donnent aux gens une voix, la représentation et l’autonomisation tout en générant une série d’outils pour le développement entrepreneurial.
« La contribution des coopératives à la création d’emplois de qualité est encore plus nette dans le cas des personnes exclues de l’économie formelle comme les sans-papiers, les immigrants et les femmes à faible revenu », dit Bruno Roelants, Secrétaire général de CICOPA. En effet, les principes coopératifs (adhésion volontaire et ouverte ; contrôle démocratique par les membres ; participation économique des membres, autonomie et indépendance, éducation, formation et information, intercoopération et préoccupation pour la communauté) qui apparaissent dans la Recommandation n°193 (2002) sur la promotion des coopératives interagissent pour former un modèle d’entreprise qui fournit un espace d’apprentissage nécessaire, des économies d’échelle et la pratique organisationnelle pour permettre aux individus de travailler ensemble et de mener à bien leur transition vers l’économie formelle tout en étant imprégné par les valeurs sous-jacentes de la coopération qui font de l’entreprise coopérative une des options les plus naturelles pour les groupes et les travailleurs de l’économie informelle.
« Il est fortement recommandé que les coopératives soient explicitement mentionnées dans le projet de Recommandation relative à la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle. Une reconnaissance claire de la contribution réelle et potentielle des coopératives permettra de clarifier le rôle des coopératives dans le processus de formalisation et guidera le cadre de la politique du nouvel instrument » insiste Bruno Roelants.
Le contexte
Suite à la discussion dans le cadre de la 103e Conférence internationale du Travail qui s’est tenue du 28 mai au 12 Juin à Genève, l’OIT a déjà inclus les coopératives dans la Recommandation sur la lutte contre l’économie informelle. Ce fut la première étape et cette question sera traitée lors de la 104e session de la Conférence qui se tiendra la semaine prochaine, avec l’espoir de la publication d’une Recommandation.