Il est temps de mettre un terme aux programmes d’austérité : des investissements sont nécessaires pour mettre en œuvre le pilier européen des droits sociaux
11 mai 2017
CECOP salue le paquet du pilier social de la Commission européenne, qui représente un engagement ferme pour une Union plus sociale, inclusive et équitable : il était grand temps ! Parce qu’elles sont l’expression des besoins des travailleurs, des citoyens ; et des communautés, les coopératives de l’industrie et des services à travers l’UE contribuent à une économie compétitive, visant le plein emploi et le progrès social et, à ce titre, sont des alliés parfaits pour sa mise en œuvre. Leur contribution a été reconnue par la résolution du Parlement européen du 19 janvier 2017 sur un pilier européen des droits sociaux. Cependant, nous craignons que, sans instruments d’investissement clairs, de nombreuses mesures énoncées dans le Pilier restent lettre morte. La mise en œuvre du Pilier est en contradiction flagrante avec les programmes d’austérité conduisant à des réductions des dépenses de sécurité sociale, des investissements publics et des politiques actives du marché du travail, qui sont tous des éléments indispensables pour rendre le Pilier efficace.
Comment contribuent-elles aux principes et aux droits inscrits dans le pilier ?
Les coopératives dans l’industrie et les services offrent l’égalité des chances non seulement en tant qu’employeurs mais aussi en tant que prestataires de services d’intérêt général. Contrôlées démocratiquement par leurs membres, elles ne pratiquent aucune discrimination puisque leur adhésion est ouverte à tous les citoyens. Les coopératives sociales sont connues pour être d’importants fournisseurs d’emplois et de services pour les groupes défavorisés et sous-représentés, contribuant à leur intégration professionnelle, sociale et économique par un soutien actif personnalisé.
Les coopératives de l’industrie et des services se caractérisent également par un pourcentage substantiel de femmes et de jeunes à des postes de direction. En matière d’emploi sûr et adaptable, les coopératives de l’industrie et des services s’efforcent d’assurer un traitement juste et équitable en ce qui concerne les conditions de travail, l’accès à la protection sociale et la formation. La tendance croissante à créer des coopératives d’indépendants ou de free-lances offre un modèle qui combine autonomie et protection, tout en garantissant l’accès des entrepreneurs individuels à la protection sociale.
La transmission d’entreprises en cours de fermeture à des salariés sous la forme de coopératives affiche des taux élevés de survie des entreprises et de protection et de création d’emplois, à condition que l’environnement et les politiques de soutien nécessaires soient en place. En ce qui concerne les mesures relatives à l’implication des travailleurs, CECOP soutient les droits d’information et de consultation des travailleurs qui leur permettent d’être informés en temps utile, notamment dans le cas de possibilités de transfert et de restructuration afin de leur donner suffisamment de temps pour envisager des plans de rachat par les travailleurs. Un nombre important de coopératives sociales, qui constituent l’un des types de coopératives dans l’industrie et les services, sont spécialisées dans l’inclusion des groupes défavorisés, y compris les personnes handicapées. Elles les intègrent dans la gouvernance de l’entreprise lorsque cela est possible, ce qui leur permet de s’autonomiser et de participer activement à l’entreprise. En ce qui concerne les soins de longue durée, les coopératives sociales fournissant des services de santé et d’aide sociale abordables et de qualité sont en train de devenir une réalité importante en Europe, avec des milliers d’entreprises fournissant déjà ces services. Le fait qu’elles soient dirigées par la communauté (associant souvent différentes catégories de parties prenantes, telles que les utilisateurs de services, les prestataires, les autorités locales et les professionnels dans leur gouvernance et leur contrôle) accroît la pertinence et la qualité du service fourni.
Le paquet du pilier social étant de nature non contraignante, nous sommes préoccupés par les différents niveaux d’engagement qui peuvent être pris par les États membres et par la distinction qui est faite entre les citoyens de la zone euro et les autres. “A l’heure où l’on constate une nette augmentation des tendances eurosceptiques, l’UE ne peut pas se permettre de creuser les inégalités socio-économiques entre les Européens”, déclare Giuseppe Guerini, Président de CECOP.
Documents connexes : Lire la position de CECOP sur le pilier européen des droits sociaux de la Commission européenne Lire la réaction de CECOP à la consultation de la Commission européenne sur le pilier européen des droits sociaux Lire la réaction de CECOP à la résolution du Parlement européen du 19 janvier 2017 sur un pilier européen des droits sociaux.